L'assasin écarlate

Région comprenant entre autre Urpis et Ertuën, région centrale où se retrouve les habitant de toute l'île.
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Ghan
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L'assasin écarlate

Message par Ghan »

Bonjour,

j'avais commencé a écire quelques nouvelles dans l'univers de TDS.
j'en profite pour vos les faire partager
Le jeuneImage Les dieux s'affaiblissent et la fin approche... ImageLe vieux
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Ghan
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Re: L'assasin écarlate

Message par Ghan »

L’automne avait déjà largement dévoré les immensités vertes de Tédéhessie. L’île toute entière arborait la silhouette squelettique des arbres effeuillés. La chaude et généreuse saison d’Iridius, le dieu solaire des humains, se terminait par une très longue saison d’un froid glacial auquel s’ajoutait un déluge quasi-permanent.
C’était un jour de pluie, comme il y avait rarement eu cette année, inondant les rues malfamées de la cité du vice, Urpis. Les torrents qui dévalaient les rues en pentes était chargé d’immondices qui venait se déverser allègrement sur la chaussé et dans les maisons trop peu surélevés. Les gérants de bordel hurlaient et frappaient les catins armées de seaux pour vider l’eau et les déchets qui s’accumulaient à l’intérieur de ces lieux de luxures. Cà et là, des rats étaient bien malgré eux embraqués sur d’étranges embarcations de fortunes avant de couler sous un tas de matières indésirables déversées par les habitants des étages. Pourtant les ivrognes, souvent des nains exilés de Thanitoria, continuaient leurs besognes quotidiennes sous cette pluie battante, en espérant peut-être diluer leur ivresse dans l’eau boueuse des rues. Comme il était de coutume dans la cité des voyageurs, le soir couchant était le théâtre d’un regain de vies que même la pluie n’aurait pu empêcher. La nuit était aussi un moment propices a un regain de mort aussi violentes qu’inattendue. Le « commerce » des tire-laines et autres bandits d’envergure minable prenaient place dans les ruelles mal éclairées. Les joueurs de cartes abritées sous les porches des maisons attiraient autant de pigeons à plumer que d’habitude. Les bandits pavoisaient à la hauteur de leur prime, s’assurant par quelques meurtres prémédités que le quartier resterait à jamais la demeure du vice.
Au dessus de cette marée grouillante, une ombre circulait de toit en toit, de ruelles en ruelles, invisible mêmes yeux des elfes qui hantaient parfois la cité. Elle se déplaçait avec grâce dans le bruit du souffle de vent et du claquement de sa longue cape en cuir rouge bordé d’un or étincelant.
Le ciel zébré d’orages illuminait la silhouette et projetait son ombre menaçante sur les toits des maisons insalubres d’Urpis. Elle semblait pouvoir regarder le monde dans son ensemble, sans qu’aucun mortel ne puisse même l’entrevoir dans l’embrasure qu’elle avait choisi pour stopper sa course folle.
L’ombre s’était arrêté à l’abri d’un imposant renfoncement de la demeure d’un riche marchand ou d’un bandit parvenu. En réalité, dans cette ville la différence était souvent bien maigre orné d’une gargouille. Elle s’était assise et attendait à califourchon sur une antique sculpture qui semblait veillé sur la ruelle depuis sa niche. L’être vêtu de sa cape rouge paraissait d’autant plus irréel alors qu’elle était jugée sur sa terrible monture de pierre en affrontant le ciel en colère.
Chaque éclair qui l’éclairait, illuminait sa cape trempée. Son visage restait caché dans l’ombre son capuchon d’où dépassaient de longs cheveux bouclés aux reflets d’or.
Elle resta immobile pendant plusieurs minutes, scrutant le ciel orageux, et vérifiant frénétiquement de gauche a droite qu’elle restait invisible aux yeux du monde.

Un corbeau squelettique vint de se poser sur le sommet du crâne de la gargouille et tenait dans son bec un morceau de parchemin soigneusement plié. Il était arrivé de nulle part comme apparu soudainement. Elle tendit son bras avec fougue afin que l’oiseau se pose sur son avant bras pour saisir et lire le message. Une voix enfantine s’élevait du capuchon pour murmurer quelques instructions à l’oiseau.
- Dis a ton maître que l’affaire sera réglé comme convenu.
Tandis qu’elle saisissait le morceaux de parchemin, l’oiseau pris son essor afin d’informer son maître que tout allait se jouer comme prévu ce soir. Comme à son habitude celle qu’on surnommait « Destina »ferait preuve d’une dextérité toute particulière à exécuter sa mission.

L’ombre parcouru de nouveau les toits en direction de son objectif.

Il était encore tôt dans la soirée mais déjà le ciel commençait à s’obscurcir à mesure que l’orage se dissipait pour laisser place à un coucher de soleil rougeoyant. La nuit était sans lunes, ni Linua ni Fibus n’était accrochés aux cieux pour baigner la ville de leur pale lueur nocturne.
De très anciens mythes elfiques proclamaient que lorsque coïncide la disparition des deux lunes, il s’agissait d’une augure néfaste pour la Tédéhessie. Hécate la déesse de la nuit, était alors au faîte de sa puissance. Le même mythe était également vivace dans la culture Vampirique, mais l’augure y était certes bien moins funeste.

Les guildes de brigands qui pullulaient dans les faubourgs d’Urpis, eux, se contentaient de confirmer les croyances populaires en profitant de l’obscurité particulière de ces nuits pour perpétrer leur forfait en toute discrétion.

Destina observait depuis un promontoire l’endroit qui lui avait été indiqué sur le message. L’air était encore chargé de l’humidité des pluies torrentielles de la soirée et une fine brume persistait à draper la plaine comme s’il avait s’agit d’un nuage de coton. Il s’agissait d’un petit palais à l’Est d’Urpis construit selon les goûts et les standards humains. Des murs en pierre grossièrement taillé étaient ornés des multiples fioritures grotesques, le tout flanqué d’imposante colonnade en marbre blanc. L’ensemble bien que harmonieux était furieusement tape à l’œil.
Mais ce qui surprenait l’œil de l’assassin était cette omniprésence de blé, qu’il soit sculpté sur les murs ou qu’il pousse en tout recoin du parc mal entretenu. Visiblement le propriétaire était un fervent adepte du Dieu Iridius dont le blé était le symbole iconoclaste fondamental. Ou peut-être avait-il à se faire pardonner que les autres fidèles du dieu mais cela importait peu.
L’assassin observait en silence.
Bien que ses talents fussent exceptionnels, la mission confiée ce soir relèverait même du défi pour un dieu. Le manoir était aussi protégé que Tradiria elle-même en temps de siège. On pouvait voir de solides murailles d’enceinte gardées par de nombreux gardes paladins en armure lourde. A la pâleur du ciel couchant, le métal poli de leur armure reflétait un couleur d’or. Ces chevaliers semblaient veiller tout particulièrement sur le massif portail de fonte ouvragé comme sur un trésor. Cependant ce qui troublait particulièrement Destina était une aura magique inquiétante qui se dégageait du lieu, aussi lui parut-elle bon d’observer plus longtemps et d’attendre. La démesure de la milice donnait à la bâtisse une allure de camps militaire infranchissable.
Pourtant une vieille balançoire qui trônait au centre du parc semblait bien prouvé qu’une famille et ses enfants habitaient ce lieu fortifié. Destina réfléchissait à une approche efficace pour la réussite de sa mission. Ne pas se faire voir, et faire en sorte que tous les indices donne à penser qu’il s’agisse d’un accident regrettable, telle était sa méthode habituelle pour procéder. Ce soir, il faudrait peut-être une approche moins sophistiquée, plus direct.
Les lunes avait déjà bien avancées dans la voûte célèste. Ce temps, elle l’avait mis a profit pour analyser le mouvement des gardes afin d’y déceler une faille exploitable, mais ceux-ci semblait vigilant à ne pas laisser la moindre brèche.
Bien que ses sens fussent aiguisés et sa concentration à son paroxysme, l’ennui de ces préparatifs l’invita à une profonde méditation sur les raisons de sa présence sur cette herbe encore mouillée de pluies de la veille
Il lui semblait toujours que ces trop longues phases d’attente étaient le seul moment ou elle pouvait méditer sur sa curieuse condition.
-« C’est curieux que le destin d’un être soit scellé par le présence de son nom sur un simple morceaux de parchemins. »
Une simple question allait et venait dans son esprit depuis bientôt cinq ans, depuis le jour ou elle avait reçu son premier parchemin annoté d’un nom alors qu’elle errait sans nom, sans souvenirs, sans but. Elle ignorait toujours qui était le commanditaire de ses mystérieux parchemins mais elle en avait déjà reçu des dizaines. A mesure que le temps passait, elle perdait ce compte insensé. Parfois il s’agissait d’un vieillard qu’il fallait aider à partir dans leur sommeil, d’autres fois la mission consistait au massacre entier d’un clan qu’il soit humains vampire ou elfique. Des séries de morts sans logique et liens apparents.
Elle avait oublié depuis longtemps ce qui était écrit sur ces parchemins, quels étaient ces noms d’être condamnés par sa propre main. Pourtant elle savait qu’ils étaient son seul lien avec le monde des vivants depuis de nombreuses lunes et il lui semblait que rien n’avait existé avant cette succession de missions sordides. Depuis ce jour, il y avait cinq ans, son destin avait été scellé afin de sceller le destin des autres. Telle était devenue l’ironie que constituait sa vie.
Mais une question n’avait jamais quitté son esprit. Que se passerait-il si le nom écrit survivait une journée de plus ?
Chaque fois qu’elle tentait de cerner cette question, elle semblait martelée par une voix qui repoussait de toute ses forces ses pensées comme une sorte de conscience étrangère. Sa méditation l’éloignait de sa mission et rendait son esprit perméable aux doutes. Sa méditation la rendait vulnérable, perméable aux doutes.
Dans son esprit, il raisonnait martelait sans cesse :
-« Je suis une arme et les armes ne doivent pas penser. Elles doivent servir leur maître et tuer. Mon esprit doit être aiguisé pour la mission et non pour ressentir une quelconque émotions. »
Cette pensée simple la rassurait car elle lui permettait d’appréhender son but. Ce qu’elle ferait ce soir ne lui procurait aucune émotion, ni haine, ni doutes, ni joies, elle suivrait son destin un point c’est tout.
Ce soir la lame trancherait une nouvelle vie comme convenu.

Le soleil ne tarderait pas à se lever dans une poignée d’heure et le froid de l’automne devenait mordant. Le moment d’agir était enfin venu.
Comme l’avait prévue Destina, la brume s’était épaissi au fil de la nuit, au point de devenir un épais brouillard opaque. C’était courant en cette saison, et elle le savait. Elle avait attendu une ouverture et c’était les caprices du temps qui lui offrirait la meilleur opportunité. L’épais brouillard s’était avéré des plus utile pour son office car il avait permis de détecter à la fois les pièges et les solutions pour entrer dans l’infranchissable domaine. Son instinct ne l’avait pas trompé, l’ensemble de la muraille semblait être fortifié par un puissant sortilège qui pulsait d’un vert surnaturel dans la brume. Mais d’un autre coté, les gardes devenus aveugle par l’épais brouillard trahissaient leur position comme des lucioles dans la nuit noire. Leurs lampions indiquaient leur position avec précision et Destina les verrait sans être vu. Compte tenu des circonstances, elle passerait par la grande porte comme le ferait un invité. Et comme tout invité se respectant, elle avait un présent pour le maître des lieux : la mort.
Les gardes étaient maintenant bien dispersés, l’épais brouillard les y avait forcés. Maintenant, seul deux d’entre eux gardaient l’imposant portail d’entrée au lieu de la demie douzaine quelques heures plus tôt.
Les gardes paladins étaient de redoutables bretteurs équipés du meilleur acier sur une armure imposante. En groupe, ils s’avéraient être une armée de mêlée dévastatrice. Peu de peuples pouvaient se targuer de résister à la charge Solaire des fils d’Iridius.
Mais ce soir, il était dispersé et leurs armures seraient pour eux un désavantage pesant.
Elle s’approcha furtivement, elle avait déjà choisi sa cible. Elle commencerait par l’imposant paladin aux cheveux gris, puis le second, le plus jeune, qui paraissait assez maladroit et inquiet à en juger son regard apeuré. Elle n’était plus qu’à quelques mètres lorsqu’elle posa un genou au sol.
Une douce mélopée sortait de son capuchon, un chant pour les dieux.
« Maître du vent, écoute ma supplique. Obéissez à votre dévoué serviteur et votre serviteur vous honorera… Maître du vent, écoute ma supplique. Obéissez à votre dévoué serviteur et votre serviteur vous honorera… »
Un douce brise se leva soudain pour aller envelopper les deux gardes. Un vent suffisamment fort pour paraître naturel mais un vent suffisamment puissant pour soulever la cape du guerrier grisonnant et l’accrocher sur une pointe du portail en fonte.
Le plus malingre, prit de panique, dégaina son épée et frappa au hasard alors que sa cape pourpre venait lui couvrir le visage. Son compagnon d’arme ne manqua pas de la railler :
-« Allons Arthorius, on a du mal en duel contre sa propre cape, tu es la honte de… »
Deux pieux de glace volèrent d’un recoin sombre pour venir se loger dans le creux arrière de chacun de ses genoux. Le Vieux guerrier vacilla une seconde puis s’écroula du haut de ses pieds devenus incapable de la porter. Sa cape accrocher au portail freina net sa chute dans un immonde craquement d’os. Le coup brisé par la chute, le guerrier grisonnant ballottait mollement au bout du tissu pourpre qui enserrait son coup tandis que l’assassin s’occupait déjà de son compagnon Arthorius. Le second paladin étouffa dans sa cape quelques secondes plus tard.
La grande porte était désormais libre d’accès.

L’intérieur de la maison était des plus surprenants. La vaste demeure ressemblait à ses vielles maisons qui servait de place aux sordides histoires de feux de camps. Une odeur de renfermé mêlé à l’odeur du vieux cuir emplissait l’air de manière dégoûtante. Les murs était couvert de tableaux qui accumulaient une couche de saleté qui les rendait presque opaque. Le maître des lieux avait également un mauvais goût prononcé pour décorer chaque couloir d’armures rouillées parfois même écroulées au sol. Cela surprenait l’assassin car plus elle avançait dans la bâtisse plus les armures semblaient inhumaine, parfois affublés de décor grotesque, parfois si finement ciselé et travaillé qu’on s’attendait à les voir bouger. L’endroit obscure aurait donné à n’importe qui la chair de poule, et les rares bougies restées allumés rendait l’endroit plus glauque encore, projetant l’ombre géante des nuisibles qui pullulaient et traversaient le couloir avec vélocité.
Destina avait redouté le moment ou elle entrerait dans la bâtisse, pensant que la garde serait a la hauteur de son premier comité d’accueil, pourtant le lieux lui était plus que propice. Mais les endroits sombres étaient son milieu favori, une sorte de repaire apaisant, elle avançait avec calme et détermination sans prêter attention à la décrépitude de l’endroit. Pourtant la maison lui semblait bien trop familière, elle s’y dirigeait sans mal comme guidé par un invisible souvenir. Quelques gardes étaient bien en faction à l’intérieur mais la connaissance des lieux obscures rendait leur garde bien futile.
Une paire de gardiens allait débouchés du couloir de gauche, Le bruit de leurs armures cliquetantes les trahissait si facilement. Il serait sur elle dans moins de dix seconde. Destina réfléchissait avec rapidité sur le devenir de ces deux gardiens. Il était inutile de rompre inutilement la destinée d’un homme, et Destina préféra se cacher dans la pièces situé à sa droite.
La porte était bloquée et la lumière des torches qui s’apporchaient des gardes allait la démasquer. De sa main, elle incanta rapidement une étreinte glaciale et la referma sur la poigné. D’un léger coup d’épaule le verrou céda sans un bruit, et elle entra dans la pièce pour se réfugier des gardiens.
Destina était visiblement entrée dans la chambre des enfants. Elle savait que des gamins habitaient l’endroit, il y avait ces jeux dehors. Du moins il y avait eu un enfant un jour, il bien longtemps. Elle se parlait a elle-même comme pour se rassurer du spectacle.
-« Je crois que c’est le point culminant de ce musée des horreurs. S’il y a une petite fille, elle ferait bien de ranger sa chambre.»
La pièce était éclairée par une grande fenêtre et par la torche des gardes qui passaient par intermittence à l’extérieur. Tout semblait encore calme dehors, le pendu du portail n’avait surement pas encore été découvert par ses confrères chevaliers.
La pièce donnait une impression étrange. On aurait dit que l’endroit avait été abandonné par la petite fille en plein jeu et que la pièce avait été figée pour l’éternité, un endroit ou seul la poussière avait réussi à entrer durant plusieurs années
Une jolie dînette en porcelaine blanche était encore au sol pour nourrir une poupée de chiffon usée. Visiblement cela faisait des années que la poupée attendait sa collation.
Le lit était défait, les draps au sol pendait, puis se yeux s’attardèrent sur un petit tableaux que la torche du garde de passage éclaira. Attiré comme un papillon par la lumière, elle balaya la crasse du tableau d’un revers de sa main. Une veille homme à l’allure noble serrait dans ses bras une jolie petite fille aux cheveux blonds. La paix de ce tableau contrastait avec l’atmosphère de l’endroit. Destina était surpris d’être si apaisé à cet instant.
Elle prêta l’oreille, le cliquetis des gardes s’estompaient au loin, il était temps de terminer son office au plus vite.
Elle jeta un dernier coup d’œil à l’endroit, attendant le passage d’un garde pour l’éclairer une dernière fois et dire adieu à l’endroit. Elle l’ignorait pourquoi mais elle se dit qu’an fond d’elle-même ; elle le devait.
A ce moment là, un détail, éclairé par la torche à l’extérieur, lui avait échappé. C’était ces traces de sang sur les pardessus du lit.
Elle fut prit de nausée et s’écroula à terre. Son esprit était pénétré par une vision abominable, un tourbillon de pensée qui lui donnait des hauts le cœur.
Destina voyait l’homme du tableau assis dans un grand salon, sirotant un vin tradirien devant la cheminée, elle voyait la petite fille du tableau jouant insouciante à la poupée,elle voyait le luxueux palais en pleine été, elle imaginait ce qui avait pu se passer. Sa dernière vision fut un homme au sourire carnassier se pencher sur elle tandis que l’homme du tableau regardait de la scène à l’embrasure de la porte sans bouger le moindre muscle. Il lui était courant d’avoir des visions atroces mais généralement celle-ci lui donnait l’impression d’alléger le poids de son office. Aujourd’hui le poids de la douleur était incommensurable.
Destina était au sol, tétanisée par l’expérience. Ce sourire carnassier envahissait son esprit sans relâche, elle sentait la douleur de sa vision, l’horreur indicible qui était arrivé en ce lieu. Elle sentait quelques choses d’inconnu couler le long de ses joues, quelque chose qu’elle avait ignoré dans sa vie d’exécutrice. La réalité et les visions se confondaient dans sa tête au point de devenir indissociable. Destina ignorait si ces larmes étaient réelles, elle ignorait même ce que c’était. Une voix dans sa tête qui lui réclamait vengeance, pourtant elle ignorait si c’était imaginaire.
Un autre voix sépulcrale lui murmurait ces mots : « Je l’ai lu ! Pour les rejoindre, il faut faire l’ultime sacrifice, au delà de la raison et de la justice. La mort d’un être pur est la clé de l’éternité pour le jugement du passeur d’ame. Pardonne moi mais j’en suis obligé mon enfant, grace a toi je deviendrai un dieu !».
Elle senti le froid de la lame pénétrer son cœur puis le souvenir s’éstompa.

Destina se releva péniblement de l’expérience traumatisante. Elle sortit de la pièce en essuyant ces perles de douleur qui coulaient sur ses joues. Réelle ou pas, elle se dirigerait vers le salon de sa vision. Elle tuerait celui qui l’avait rendu faible, celui qui l’avait éloigné de son identité d’arme parfaitement froide et sans émotions.
Elle marchait alors dans les couloirs sans s’encombrer de la moindre discrétion, et comme pour marquer sa résolution elle avait abaissé son capuchon écarlate, dévoilant le visage enfantin que cachaient ses boucles blondes. Peu lui importait d’être vu, elle était dans la demeure d’un démon et ses servants ne méritaient pas plus de considération. D’une manière ou d’une autre personne n’aurait la possibilité de se souvenir de son visage.
Les gardes qui l’avaient forcé à cette expérience seraient ses premières cibles. Elle les poursuivit le long de plusieurs couloirs un pic de glace à la main. En quelques dizaines de secondes, ils étaient déjà tous deux à sa merci.
« Trop facile de tuer ces êtres ainsi, il mérite d’être humilier dans la tombe. »murmura t-elle.
Elle lança la dague au pied des deux paladins qui s’aperçurent alors qu’ils avaient de la compagnie. L’un des chevaliers se mit en garde prêt au combat alors que sa cible était encore à demi visible dans la lumière d’une bougie crépitante, flottant dans une cape écarlate.
-« Augustus va prévenir le Comte qu’il a la visite qu’il attendait, je vais m’occuper de cet écervelé. »
Auguste, comme l’avait nommé son compagnon, paraissait peu enclin a obéir a cette ordre, aussi dégaina t’il son épée pour rejoindre la mêlée. Son compagnon sembla acquiescer malgré tout son initiative. Destina les regardait avec mépris, il était armé de lourdes armures et d’imposantes épées à deux mains. Elle n’avait ni armure, ni arme. L’honneur des guerriers paladins était donc une légende à en croire la vue de ces deux chevaliers.
Dans un concert de cris rauque, ils se jetèrent l’épée au clair sur l’exécutrice. L’un frappa de taille et l’autre d’estoc à la hanche, dans une attaque parfaitement orchestré.
Destina se jeta en arrière, elle sentit le froid de la lame caresser sa hanche tandis que l’autre lame passait en dessous de son dos. Les paladins n’eurent pas le temps de relever leur arme quand elle se rattrapa en roulade et jeta ses pieds à la hauteur de leur nez qui s’enfonça profondément dans leur crâne. Dans une bruine carmin, les deux soldats s’écroulèrent ; leur visage déformé trahissait encore leur surprise d’avoir été emporté si vite par la faucheuse.
Elle ramassa l’une des lourdes épées qu’elle traînait derrière elle comme un enfant traînait son ours en peluche. La lame d’acier crissait sur le parquet du couloir comme pour annoncer le sinistre venu de sa porteuse.
La porte du salon était droit devant elle, elle le savait d’une manière incompréhensible. Sa cible s’attendait peut-être au peril qui marchait dans les couloirs de sa demeure. Elle entendait au loin les gardes s’affolés, leur voix trahissait une peur dont se délectait Destina. Le crissement de la lame sur les dalles de marbre résonnait dans les couloirs obscures comme le cris déchirant d’un spectre.
Elle marchait d’un pas voulu très lent, elle voulait que les paladins s’imprègnent bien du message. Un message qui disait :
« Je suis votre Némésis, je suis la fin de votre vie. »
Elle avait enfin atteint le grand hall qui la séparait du grand salon plus que quelques dizaines de mètre et sa cible serait visible.

Un sinistre bruit résonnait aux oreilles des trois gardes du grand salon, un bruit terrifiant amplifié par l’architecture des lieux. C'était le bruit d'un métal hurlant raclant le socle de l’enfer lui-même.
-« Wyalt, tu sens quelques chose ? Quelle est cette chose qu'on entend?»
Un paladins s’était adressé avec calme et vanité à l’un de ses deux compagnons. Wyalt était le massif vampire qui s’était rangé à leur coté pour une simple bourse de stells, un mercenaire comme on les appelait poliment. Le vampire était un guerrier aussi massif que vouté habillé de guenille et de morceaux d'armure dépareillées, surement volé d'un champs de batailles à l'autre
-«Chef, tu veux savoir si j'sens toujours votre odeur de déjections humaine ? »
L’humour douteux du vampire ne fit pourtant pas mouche dans une telle situation. Les paladins saisirent leur épée par prudence. Lui-même sentait bien que ce bruit était un augure néfaste. Il chercha le contact rassurant de son gros gourdin.
- «..Cette chose est pas humaine, ça n’a pas d’odeur…j'crois que c’est pas humain les gars.. »
Les deux paladins réagirent sans hésiter la moindre de seconde, inondant leurs lames du contenu d’une vasque avant de l’enflammer.
"C’est probablement un revenant…un être éthéré insensible à ton arme primitive. » murmura t'il pour le vampire prit de panique
"Eh attendez! Vous n'avez pas de votre truc pour moi les gars, j'veux pas crever moi!"
"Inutile Wyalt, l'huile sacré des paladins n'est pas utile sur le gourdin de bois d'un vampire"
Dans le même temps il fit un geste discret à son compagnon d'arme afin que celui-ci éteignent les torches. Il verrait alors le Fantôme venir de loin dans ce Hall éclairé par les flammes bleutées de leurs épées.

Trois paladins gardaient l’entrée avec un calme remarquable. Leurs épées crépitantes étaient dégainées prêtes à châtier l’impudent. Destina leur apparu lentement à la lumière pâle des lames enflamées. Ses bruit de pas résonnait dans le grand halls, elle qui paraissait si fragile dans sa cape couleur sang leur apparu pourtant si calme.
Le plus massif, un vampire, trembla de tous ses membres et lâcha son lourd gourdin au sol
"C’est un fantôme…..c’est impossible...tuez le ! " hurlait-il.
Destina fit un tour sur elle-même qui projeta la lourde épée comme un immense javelot au travers de la pièce. Les deux autres paladins prirent ce mouvement comme le meilleur moment d’attaquer. Destina les observait, le même cris de guerre rauques, la même postures d’attaque. Elle savait lequel frapperait d’estoc et de taille, elle resta figé attendant le bon moment pour esquiver l’attaque mortel des paladins. Elle avait le temps d’observer toute la fureur dans les yeux des chevaliers, elle eut même le temps d’observer les moindres détails de leur plastron à l’effigie du dieu solaire. Ils étaient si lents et prévisible.
Les deux lames s’abattaient sur elle, mais Destina les dévia toutes deux d’un simple revers de main. La seconde d’après chacune des deux lames trouvèrent un morceau de chair à frapper.
La tête du premier chevalier alla rouler jusqu’au corps transpercé du second. Destina ne se retourna même pas vérifier leur mort, elle avança pour ouvrir la grande salle ou l’attendait sa cible.
Wyalt était déjà empalé depuis plusieurs secondes sur la lourde porte en chêne du salon. Son sang et ses entrailles détrempait déjà le palier qui séparait Destina de sa cible. Le cadavre bestial qui ornementait la porte aurait surement flatté les goûts si particuliers du maître des lieux en matières de décoration d'intérieur.

La pièce était abondamment éclairé, idem a celle de sa vision. Elle avait été comme miraculeusement été épargné par la souillure du reste du manoir. C’était une galerie richement décoré, partout était gravé des blés dorés qui luisaient à la lumière des bougies et de l'imposante cheminé qui crépitait. Baigné par la lumière orangée du feu, les tableaux semblaient défigurés le nouvel arrivant qui venait importuner celui qui était au centre de la pièce.
L’homme était là, en tenue d'apparat et la regardait sans surprise ni même sans aucune volonté de lutte. Aucun doute possible, c’était bien l’homme du tableau mais si différent. De profondes rides marquait son visage qui semblait tourmenté par la dépression. Ses cheveux blond coiffé en catogan s'était mué en amas informe de cheveux gris et sale. L’homme n’était rien de plus qu’un veillard grabataire debout devant sa cheminé à attendre un fin certaine.
Sa voix monocorde résonna en écho lugubre dans la salle de banquet :
"Ces paladins n'avait fait que la folie d'obéir aux ordres. Tu as tué beaucoup d’innocents aujourd’hui. Et je crois comprendre que ça ne fait pas partie de notre arrangement pourtant. "

Destina sortit de sa cape un petit sablier presque arrivé à son terme. Chaque grain qui s’écoulait semblait se débattre a ne pas être les derniers. D’un geste froid, brutal, elle décida d’inverser la course du sablier.
-« Il n’y a pas d’arrangement possible veillard…pas encore » la voix était froide et calme mais l’homme ricana d’un rire sembable a une toux grasse.
« ..Cela fait des années que l’on ne m’avait pas manqué de respect, passeur. Tu n’imagine surement pas comment cela fait du bien de sentir à nouveau homme après avoir été vénéré comme un dieu. Désormais je n’aspire qu’à rejoindre mes égaux. Seul le passeur d’âme, gardien du monde des morts déteint ce pouvoir. Mais mes sottises te font perdre ton temps, je me plierais à ton office mais fais cela promptement, ton maître m'attend. Les dieux m’attendent"»
"Et si je refuse." Lança t'elle en sortant de l'ombre afin que l’homme voit son visage.
"Allons, tu ne peux pas, tu le sais bien, j’ai fait ce qui était nécessaire il y a déjà tant d’années" ricana le vielle homme avant de se reprendre rapidement tandis qu’il découvrait le visage de destina.
« Toi ! comment est ce possible tu es morte..je t’ai … »
« Assasiné ! » le coupa t’elle.
Destina regardait le vieille homme droit dans les yeux. Des souvenirs remontaient à la surface. Des souvenirs qui lui montraient qu'elle avait bien eu une vie avant d’être ce qu’elle était devenue.
"Tu avais raison père, l’ultime sacrifice, au delà de la raison et de la justice. La mort d’un être pur est bien la clé de l’éternité pour le jugement du passeur d’âme. Et aujourd’hui, je suis le passeur»

Le vieillard apeuré tremblait tandis que son visage se déformait en un immonde rictus de terreur. Destina s’approcha petit pas par petit pas. Elle déposa sur le pan de la cheminé le sablier à nouveau plein. Puis elle se pencha pour murmurer à l’oreille du veillard tétanisé.

« Le passeur a rendu son jugement mon cher papa, tu obtiendras l’éternité. Mais avant cela, je vais prendre mon temps pour que cette éternité tu la passe aveugle, sourd et muet. Ce sera peut-être long et douloureux »

Les nuit qui suivirent, d’immonde cris de douleur résonnèrent dans la bâtisse.
Le jeuneImage Les dieux s'affaiblissent et la fin approche... ImageLe vieux
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