Retour dans ce monde

Région comprenant entre autre Urpis et Ertuën, région centrale où se retrouve les habitant de toute l'île.
Borric
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Inscription : 07 février 2013, 11:03

Retour dans ce monde

Message par Borric »

Le néant habitait son esprit depuis bien plus longtemps qu'il n'aurais fallu. La douceur de l'oubli était telle qu'il ne voulu jamais se tirer de sa torpeur, ne jamais se secouer les puces. Son lit était un planché sous un lit et la femme à coté de lui était un chien. Dans ses veines coulait un liquide qui n'était rien de plus que de l'alcool et tel était son monde depuis une onctueuse éternité qui l'englobait, le caressais et l'enfermais entre deux mondes.

Le chien, qui avait l'habitude de venir se saouler sur les vapeurs émanants du barde, trouva mieux à faire en ce début d'après-midi. Il sortit de sous le bras de Borric, qui ronchona. Un éclair venait de traverser son néant. Il tentat de rester amorphe, espérant que la lumière ne l'avait pas vu. Une deuxième pensée lui traversa l'esprit, celle que sa peur de la lumière était son premier geste de lucidité depuis des mois, voir des années.

Le temps passa lentement et les idées virent seules, le harcelant comme des voix de gamins qui hurlent quand on a la gueule de bois. Ses yeux s'ouvrirent une fois, deux fois, puis une autre centaine de clignements, amplifiant sa haine du soleil. Dans une autre vie, il était un vampire. Ou un nain. Ouais, un nain. Un nain alcolique dans les standards des nains alcoliques inavoués.

Le chien se plaigna pendant un bon quart d'heure avant que le barde ne se traine jusqu'à la porte pour l'ouvrir, lui-même encore couché sur le plancher. Il roula à la suite du chien, se demandant où il était, qui il était, si le monde avait enfin un sens et qu'est-ce qui sentait aussi mauvais que fort?

À l'étage du dessous, le tavernier d'Urpis le fixa avec stupeur. En fait, tout le bar le fixa avec le même regard. Puis, les gens se précipitèrent vers le comptoire pour hurler incompréhensiblement tout en montrant un tableau rempli de chiffres et ressemblant à un calendrier avec des cases remplies de noms et de chiifres.

Il se fraya un chemin, manière d'assouplir qu'un chemin énorme s'est frayé avec seulement son odeur, jusqu'au comptoir. Tout d'un coup, tout vira silencieux et les gens se mirent à le fixer. Il se pencha avec hésitation et demanda au tavernier:
"Euh, ils font quoi là?"
Le tavernier, qui n'avait toujours pas laché sa béatitude, lui répondit avec autant d'hésitation.
"Eh bien... euh... ceux là," il pointa un groupe à sa droite, "ont parié sur le fait que tu comanderais un truc à boire alcolisé. Et ceux là," il pointa le groupe à gauche, "préfèrent penser que tu va commencer par un truc à manger."
Le barde resta perplexe.
"Oh, et ce n'est pas tout!" s'enjoua le tavernier, retrouvant sa bonne humeur habituelle. "Certains ont pariés que tu creverais enfin d'intoxication à l'alcool ce mois-ci. D'autres Ont parié sur le lit dans lequel, ou sous lequel, tu finirais ce soir, si tu te rend jusqu'en haut pour une deuxième journée consécutive (aussi un sujet de pari)."

"Ouais, bon..." Le barde répondit. "Alors pour être clair, j'ai été ici depuis combien de temps?"

"Tu ne t'en souviens pas?" S'étonnat le tavernier. Borric lui rendit un haussement de sourcils sarcastique.

"Je me souviens à peine de mon nom, ne commence surtout pas avec moi."

"JE PARIE SUR LE SAOULON!" hurla un des convives. La salle retomba dans la cacophonie alors qu'un enfant s'élança dans la rue en criant.

"Le saoulon s'est réveillé! Combat contre le tavernier, venez parier!"

Borric secoua sa tête qui menaçais d'exploser. Sa bouche était sêche et, au vu du vomi sur ses vêtements, il n'avait plus rien dans l'estomac.

"T'a pas un truc qui retape? Un truc qui te ramène un mort." il demanda au tavernier, aujoutant "sans alcool..." et causant un grand "ohhhh!" de la part des parieurs des deux bords ayant perdu.

"Un sirop de carise?" il dit, enjoué.

Borric lui lança un regard remplis d'un lourd sarcasme.

"Bon, d'accord." répondit l'homme derrière le comptoir. Il parti dans l'arrière-salle et revint avec une petite fiole qu'il lui tendit. "Voilà."

"C'est quoi?" demanda le barde.

"Aucune idée. Tu m'a demandé de te la garder pour le jour où tu finirais par te réveiller. J'ai été tenté de l'essayer mais je n'en ai rien fait, comme tu vois!"

Borric soupira, se tenant la tête. Il défit la cire et tira le bouchon, renversant le contenu dans le fond de sa gorge. Immédiatement, une brûlure l'empoigna et il faillit s'étendre de son long. Elle se répandit dans son corps, s'absorbant dans ses veines et s'accompagna d'une intense douleure. Il entedit à peine les paris lancés sur les chances de sa survie. Puis, aussi brutalement qu'elle était apparu, la chaleur disparue pour le laisser hors d'haleine.

"Prochaine fois que je te demande de me garder un truc pareil," il dit au tavernier, "frappe moi derrière la tête avec une pelle, à la place."

L'homme haussa des épaules.

"C'est une de ces mixtures d'un alchimiste disparu depuis longtemps je crois. Tu étais de lice avec lui il fut un temps."

Borric lui fit signe de se taire, sa tête et son estomac encore sensibles. Le barde était revenu parmis les vivants, quittant son douillet nid entre deux mondes. Il ne se souvenait de rien, surtout pas pourquoi il s'était réveillé à ce moment là. Il était évident qu'il aurait pu continuer dans sa torpeur mais quelque chose le ramenait à la vie.

Il se suporta sur les tables et les murs jusque dans la rue. Bien que la taverne n,avait pas changée... trop... la ville elle même avait évoluée. Tout comme le monde dont il ne connaissait plus l'entièreté. Le barde regarda son reflet dans une flaque. Il avait la barbe aussi long que ses cheveux, qui étaient trop longs et pleins de noeuds. Ses ongles étaient sales, sa peau empestait et les souvenirs flous d'un monde noir et confortable l'habitait encore. Il était si facile de faire semblant d'exister quand on n'avait rien pour nous faire souffrir.

"Ça fait longtemps, ma vieille beauté," murmura-t-il. "Urpis, ma putain adorée... Pourquoi m'avoir laissé me réveiller?"
Borric
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Re: Retour dans ce monde

Message par Borric »

"Qu'est-ce que tu fais, le môme?" Demanda un homme gigantesque et barbu, s'addressant à un enfant assis sur une buche. L'homme avait de larges épaules, une barbe mal rasée et des muscles énormes qu'on ne pouvait que deviner sous l'énorme torse poilu, lui conférant une allure d'ours.

"J'écris, pourquoi?" répondit l'enfant.

"Écrire? HAHA!" Le géant éclata de rire, Il déposa une hache avec laquelle il fendait du bois dans l'étouffante chaleur. "Écrire ne sert à rien une fois qu'on l'a appris, petit! Va plutôt t'entraîner!"

Le petit avait les cheveux bruns, long et attachés en queue de cheval. Malgré qu'il semblait frêle, il possédait une force cachée impressionante pour son âge. Il était apparut depuis des mois, sortit droit de la forêt. Il ne pût jamais dire d'où il était venu, ni ce qui lui était arrivé. C'était le plus de questions qu'on lui eut posé sur son origine depuis.

Étrangement, le jeune garçon lui n'avait pas la langue dans sa poche. Il était souvent vû en train de trottiner sur les talons des hommes, de se faufiler entre les tentes pour jouer des mauvais coups et il participait activement aux entrainements dédiés aux rares enfants du camp d'Alothanria. Il avait appris à lire et écrire mais pas avant qu'il eussent appris à chanter. Et il chantait avec une voix venue d'un autre monde, une voix qui portait au delà des arbres, confortant les hommes exilés du sbire paladin, berçant les sentinelles d'une mélancolie divine.

"BORRIC!" hurla un homme de stature bien moins impressionante mais avec un tempérament pour compenser. "Tu te ramène le derrière ici imédiatement!"

L'homme, un professeur d'archers, marchait entre les tentes à l'orée du camp, non loin d'où le garçon était assis en copagnie du géant. Borric leva sa petite tête vers le géant, qui lui lança un regard de "Je te l'avais dit". L'enfant soupira. Il détestait les cours d'archers mais il se devait de les accomplirs, ne fusse que pour montrer que ce n'était pas sa vocation.

Quand il se leva, il regarda la forêt tout juste derrière lui. Il savait se cacher et il serait aisé de passer l'après midi dans les branches de l'arbre millénaire. Mais un cri retenti dans son crâne. Sa vision et la remplaçant par quelque chose d'autre.

La paisible forêt, le géant, les tentes et le professeur enragé s'évaporèrent. Devant lui, où plutôt sous lui, était couché un être au regard de verre, à la peau de cendre. Quand il leva la tête, tout n'était que désolation animée par les flammes et les cris des mourrants. L'être qu'il était, non plus un jeune garçon mais un homme grand et fort, sentait la puissance qui coulait dans ses veines, s'irradiant jusque dans sa lame, une longue faux trempée du sang de son adversaire. Il reconnu étrangement la faux, Dael Drohian, comme s'il l'avait connu toute sa vie.

À côté de lui, un cheval d'un noir charbon avec les yeux rouge ardent, henissait un son qui n'appartenait à aucune créature de ce monde, un henissement qui glaçait le sang de tout ceux autour, précipitant les mourrants dans leur mort. Il vit au loin un cheval similaire mais rouge avec un homme encapuchoné assis droit dessus, guettant le moindre mouvement.

Mais ce qui retint l'attention de Borric était l'homme noir plus grand que quincoque en Thédéssie, qui avançait parmis les flammes et la destruction. Il passa devant le premier cavalier, la Destruction, et suivis le chemin de cadavres menant à Borric. À chaque pas de l'être, les cris mourrants s'estompaient, leur âme quittant leur corps avec le reste de leurs forces, s'enroulant atour de ses bras.

Il s'arrêta près de Borric qui, le coeur battant la chamade, se retenait de lever les yeux sur l'être divin.


"Mon enfant." Résonna une voix dans son crâne, prenant le garçon par surprise. Il leva les yeux et hurla avant même d'avoir croisé le regard de l'être.

Borric se réveilla avec son hurlement mourrant sur ses lèvres. Il était couché sur le planché du temple d'Ertüen, un adulte accomplis malgré sa puissance encore grandissante. Il se souvenait maintenant pourquoi les dernières années avaient passés dans l'alcool et la décadence. Il se souvenait d'avoir voulu noyer ses cauchemars, d'oublier la malédiction qui le taraudait et de tarir cette haine démesurée envers le grand être de ses rêves. Il avait tenté de se tuer d'une façon que même le passeur n'aurait pû le sauver.

Ertüen lui avait donné un peu de répit mais ce cauchemar prouva que la solution d'une terre sacrée et de lumière restait temporaire. Il se leva et remarqua le moine qui l'observait. Nul mot fut prononcé, comme il fut depuis son arrivée. Cet homme était un des rares qui le reconnaissait le barde pour ce qu'il était, un être maudit et en proie à l'asservissement à un être noir.

Il empaqueta ses maigres possessions et se remis en route, espérant trouver la paix ailleurs. Il hésitat entre les hautes montagnes des êtres éclairés, les vampires purifiés qui, comme lui, combattaient à chaque jour la malédiction de leur condition, ou les larges forêts de Ghal Drasyl, là ou l'amour et l'équilibre restait.

Il tira une pièce et la laissa tomber. Face. Il ne toucha pas la piece et s'orientat vers l'Ouest.
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