Retour dans ce monde
Publié : 24 octobre 2013, 06:07
Le néant habitait son esprit depuis bien plus longtemps qu'il n'aurais fallu. La douceur de l'oubli était telle qu'il ne voulu jamais se tirer de sa torpeur, ne jamais se secouer les puces. Son lit était un planché sous un lit et la femme à coté de lui était un chien. Dans ses veines coulait un liquide qui n'était rien de plus que de l'alcool et tel était son monde depuis une onctueuse éternité qui l'englobait, le caressais et l'enfermais entre deux mondes.
Le chien, qui avait l'habitude de venir se saouler sur les vapeurs émanants du barde, trouva mieux à faire en ce début d'après-midi. Il sortit de sous le bras de Borric, qui ronchona. Un éclair venait de traverser son néant. Il tentat de rester amorphe, espérant que la lumière ne l'avait pas vu. Une deuxième pensée lui traversa l'esprit, celle que sa peur de la lumière était son premier geste de lucidité depuis des mois, voir des années.
Le temps passa lentement et les idées virent seules, le harcelant comme des voix de gamins qui hurlent quand on a la gueule de bois. Ses yeux s'ouvrirent une fois, deux fois, puis une autre centaine de clignements, amplifiant sa haine du soleil. Dans une autre vie, il était un vampire. Ou un nain. Ouais, un nain. Un nain alcolique dans les standards des nains alcoliques inavoués.
Le chien se plaigna pendant un bon quart d'heure avant que le barde ne se traine jusqu'à la porte pour l'ouvrir, lui-même encore couché sur le plancher. Il roula à la suite du chien, se demandant où il était, qui il était, si le monde avait enfin un sens et qu'est-ce qui sentait aussi mauvais que fort?
À l'étage du dessous, le tavernier d'Urpis le fixa avec stupeur. En fait, tout le bar le fixa avec le même regard. Puis, les gens se précipitèrent vers le comptoire pour hurler incompréhensiblement tout en montrant un tableau rempli de chiffres et ressemblant à un calendrier avec des cases remplies de noms et de chiifres.
Il se fraya un chemin, manière d'assouplir qu'un chemin énorme s'est frayé avec seulement son odeur, jusqu'au comptoir. Tout d'un coup, tout vira silencieux et les gens se mirent à le fixer. Il se pencha avec hésitation et demanda au tavernier:
"Euh, ils font quoi là?"
Le tavernier, qui n'avait toujours pas laché sa béatitude, lui répondit avec autant d'hésitation.
"Eh bien... euh... ceux là," il pointa un groupe à sa droite, "ont parié sur le fait que tu comanderais un truc à boire alcolisé. Et ceux là," il pointa le groupe à gauche, "préfèrent penser que tu va commencer par un truc à manger."
Le barde resta perplexe.
"Oh, et ce n'est pas tout!" s'enjoua le tavernier, retrouvant sa bonne humeur habituelle. "Certains ont pariés que tu creverais enfin d'intoxication à l'alcool ce mois-ci. D'autres Ont parié sur le lit dans lequel, ou sous lequel, tu finirais ce soir, si tu te rend jusqu'en haut pour une deuxième journée consécutive (aussi un sujet de pari)."
"Ouais, bon..." Le barde répondit. "Alors pour être clair, j'ai été ici depuis combien de temps?"
"Tu ne t'en souviens pas?" S'étonnat le tavernier. Borric lui rendit un haussement de sourcils sarcastique.
"Je me souviens à peine de mon nom, ne commence surtout pas avec moi."
"JE PARIE SUR LE SAOULON!" hurla un des convives. La salle retomba dans la cacophonie alors qu'un enfant s'élança dans la rue en criant.
"Le saoulon s'est réveillé! Combat contre le tavernier, venez parier!"
Borric secoua sa tête qui menaçais d'exploser. Sa bouche était sêche et, au vu du vomi sur ses vêtements, il n'avait plus rien dans l'estomac.
"T'a pas un truc qui retape? Un truc qui te ramène un mort." il demanda au tavernier, aujoutant "sans alcool..." et causant un grand "ohhhh!" de la part des parieurs des deux bords ayant perdu.
"Un sirop de carise?" il dit, enjoué.
Borric lui lança un regard remplis d'un lourd sarcasme.
"Bon, d'accord." répondit l'homme derrière le comptoir. Il parti dans l'arrière-salle et revint avec une petite fiole qu'il lui tendit. "Voilà."
"C'est quoi?" demanda le barde.
"Aucune idée. Tu m'a demandé de te la garder pour le jour où tu finirais par te réveiller. J'ai été tenté de l'essayer mais je n'en ai rien fait, comme tu vois!"
Borric soupira, se tenant la tête. Il défit la cire et tira le bouchon, renversant le contenu dans le fond de sa gorge. Immédiatement, une brûlure l'empoigna et il faillit s'étendre de son long. Elle se répandit dans son corps, s'absorbant dans ses veines et s'accompagna d'une intense douleure. Il entedit à peine les paris lancés sur les chances de sa survie. Puis, aussi brutalement qu'elle était apparu, la chaleur disparue pour le laisser hors d'haleine.
"Prochaine fois que je te demande de me garder un truc pareil," il dit au tavernier, "frappe moi derrière la tête avec une pelle, à la place."
L'homme haussa des épaules.
"C'est une de ces mixtures d'un alchimiste disparu depuis longtemps je crois. Tu étais de lice avec lui il fut un temps."
Borric lui fit signe de se taire, sa tête et son estomac encore sensibles. Le barde était revenu parmis les vivants, quittant son douillet nid entre deux mondes. Il ne se souvenait de rien, surtout pas pourquoi il s'était réveillé à ce moment là. Il était évident qu'il aurait pu continuer dans sa torpeur mais quelque chose le ramenait à la vie.
Il se suporta sur les tables et les murs jusque dans la rue. Bien que la taverne n,avait pas changée... trop... la ville elle même avait évoluée. Tout comme le monde dont il ne connaissait plus l'entièreté. Le barde regarda son reflet dans une flaque. Il avait la barbe aussi long que ses cheveux, qui étaient trop longs et pleins de noeuds. Ses ongles étaient sales, sa peau empestait et les souvenirs flous d'un monde noir et confortable l'habitait encore. Il était si facile de faire semblant d'exister quand on n'avait rien pour nous faire souffrir.
"Ça fait longtemps, ma vieille beauté," murmura-t-il. "Urpis, ma putain adorée... Pourquoi m'avoir laissé me réveiller?"
Le chien, qui avait l'habitude de venir se saouler sur les vapeurs émanants du barde, trouva mieux à faire en ce début d'après-midi. Il sortit de sous le bras de Borric, qui ronchona. Un éclair venait de traverser son néant. Il tentat de rester amorphe, espérant que la lumière ne l'avait pas vu. Une deuxième pensée lui traversa l'esprit, celle que sa peur de la lumière était son premier geste de lucidité depuis des mois, voir des années.
Le temps passa lentement et les idées virent seules, le harcelant comme des voix de gamins qui hurlent quand on a la gueule de bois. Ses yeux s'ouvrirent une fois, deux fois, puis une autre centaine de clignements, amplifiant sa haine du soleil. Dans une autre vie, il était un vampire. Ou un nain. Ouais, un nain. Un nain alcolique dans les standards des nains alcoliques inavoués.
Le chien se plaigna pendant un bon quart d'heure avant que le barde ne se traine jusqu'à la porte pour l'ouvrir, lui-même encore couché sur le plancher. Il roula à la suite du chien, se demandant où il était, qui il était, si le monde avait enfin un sens et qu'est-ce qui sentait aussi mauvais que fort?
À l'étage du dessous, le tavernier d'Urpis le fixa avec stupeur. En fait, tout le bar le fixa avec le même regard. Puis, les gens se précipitèrent vers le comptoire pour hurler incompréhensiblement tout en montrant un tableau rempli de chiffres et ressemblant à un calendrier avec des cases remplies de noms et de chiifres.
Il se fraya un chemin, manière d'assouplir qu'un chemin énorme s'est frayé avec seulement son odeur, jusqu'au comptoir. Tout d'un coup, tout vira silencieux et les gens se mirent à le fixer. Il se pencha avec hésitation et demanda au tavernier:
"Euh, ils font quoi là?"
Le tavernier, qui n'avait toujours pas laché sa béatitude, lui répondit avec autant d'hésitation.
"Eh bien... euh... ceux là," il pointa un groupe à sa droite, "ont parié sur le fait que tu comanderais un truc à boire alcolisé. Et ceux là," il pointa le groupe à gauche, "préfèrent penser que tu va commencer par un truc à manger."
Le barde resta perplexe.
"Oh, et ce n'est pas tout!" s'enjoua le tavernier, retrouvant sa bonne humeur habituelle. "Certains ont pariés que tu creverais enfin d'intoxication à l'alcool ce mois-ci. D'autres Ont parié sur le lit dans lequel, ou sous lequel, tu finirais ce soir, si tu te rend jusqu'en haut pour une deuxième journée consécutive (aussi un sujet de pari)."
"Ouais, bon..." Le barde répondit. "Alors pour être clair, j'ai été ici depuis combien de temps?"
"Tu ne t'en souviens pas?" S'étonnat le tavernier. Borric lui rendit un haussement de sourcils sarcastique.
"Je me souviens à peine de mon nom, ne commence surtout pas avec moi."
"JE PARIE SUR LE SAOULON!" hurla un des convives. La salle retomba dans la cacophonie alors qu'un enfant s'élança dans la rue en criant.
"Le saoulon s'est réveillé! Combat contre le tavernier, venez parier!"
Borric secoua sa tête qui menaçais d'exploser. Sa bouche était sêche et, au vu du vomi sur ses vêtements, il n'avait plus rien dans l'estomac.
"T'a pas un truc qui retape? Un truc qui te ramène un mort." il demanda au tavernier, aujoutant "sans alcool..." et causant un grand "ohhhh!" de la part des parieurs des deux bords ayant perdu.
"Un sirop de carise?" il dit, enjoué.
Borric lui lança un regard remplis d'un lourd sarcasme.
"Bon, d'accord." répondit l'homme derrière le comptoir. Il parti dans l'arrière-salle et revint avec une petite fiole qu'il lui tendit. "Voilà."
"C'est quoi?" demanda le barde.
"Aucune idée. Tu m'a demandé de te la garder pour le jour où tu finirais par te réveiller. J'ai été tenté de l'essayer mais je n'en ai rien fait, comme tu vois!"
Borric soupira, se tenant la tête. Il défit la cire et tira le bouchon, renversant le contenu dans le fond de sa gorge. Immédiatement, une brûlure l'empoigna et il faillit s'étendre de son long. Elle se répandit dans son corps, s'absorbant dans ses veines et s'accompagna d'une intense douleure. Il entedit à peine les paris lancés sur les chances de sa survie. Puis, aussi brutalement qu'elle était apparu, la chaleur disparue pour le laisser hors d'haleine.
"Prochaine fois que je te demande de me garder un truc pareil," il dit au tavernier, "frappe moi derrière la tête avec une pelle, à la place."
L'homme haussa des épaules.
"C'est une de ces mixtures d'un alchimiste disparu depuis longtemps je crois. Tu étais de lice avec lui il fut un temps."
Borric lui fit signe de se taire, sa tête et son estomac encore sensibles. Le barde était revenu parmis les vivants, quittant son douillet nid entre deux mondes. Il ne se souvenait de rien, surtout pas pourquoi il s'était réveillé à ce moment là. Il était évident qu'il aurait pu continuer dans sa torpeur mais quelque chose le ramenait à la vie.
Il se suporta sur les tables et les murs jusque dans la rue. Bien que la taverne n,avait pas changée... trop... la ville elle même avait évoluée. Tout comme le monde dont il ne connaissait plus l'entièreté. Le barde regarda son reflet dans une flaque. Il avait la barbe aussi long que ses cheveux, qui étaient trop longs et pleins de noeuds. Ses ongles étaient sales, sa peau empestait et les souvenirs flous d'un monde noir et confortable l'habitait encore. Il était si facile de faire semblant d'exister quand on n'avait rien pour nous faire souffrir.
"Ça fait longtemps, ma vieille beauté," murmura-t-il. "Urpis, ma putain adorée... Pourquoi m'avoir laissé me réveiller?"