Terres Divines : Le Forum

La Thédéssie grouillait d'action. La paix relative venue suite à l'alliance Namidas-Rebelle et la défaite de l'Ordre Noir laissait sur les terres une poudrière. Des armées et des aventuriers qui n'attendaient qu'une guerre, qu'une raison de sortir les armes et de faire couler le sang se retrouvaient pris à s'occuper des enfants à la maison ou à rouler sous les tables des tavernes. Certains passaient leur journées à chasser des bêtes et d'autres, plus constructifs, débattaient de points... avec les poings.

Sous l'épaisse voute de forêt Alothanrienne, deux hommes de bonne stature tentaient de déterminer lequel était le meilleur combattant sans armes ni armure. Borric et Salazar cognaient à répétition, rendant coup pour coup et esquivant ce qu'ils pouvaient. Ils s'étaient élancés à pleine puissance et sans retenue, se vidant trop rapidement de leurs forces et, après plusieurs minutes, se retrouvaient haletants et trop fatigués pour continuer.

"Tu sais," Borric commença entre deux lourdes respirations. "Je crois qu'on a négligé quelques facteurs."

Salazar fronça des sourcils.

"Non mais..." le barde continua, "d'habitude on frappe, on tue et on continue. Maintenant, je ne peux pas simplement te trancher la tête et tu me rends la vie difficile histoire de te l'arracher."

"T'es déjà fatigué?" Dit Salazar. Il ne l'admettrais jamais lui-même mais sa force l'évadait également.

L'assassin sans contrat avait fait route commune avec son éternel compagnon chaotique, les deux chevaliers de l'apocalypse survivants au courroux des dieux. Après avoir nettoyé de larges secteurs de forêt, ils se retrouvaient à discuter plus que chasser. Les plans futurs avaient été élaborés... par Borric. Les prochaines cibles choisies... par Borric. La politique discutée et décortiquée... par Borric encore. Salazar n'en avait rien à faire et restait dans son mutisme habituel, laissant la vie se dérouler comme elle se le devait.

Pourtant, seul sujet auquel il ne pouvait rester muet était la question de l'habileté de guerrier entre les deux hommes. Ils se disputaient souvent sur le sujet sans prendre le temps d'en venir aux coups. Les armes et armures biaisaient les résultats alors ils décidèrent d'en décider autrement, torse nu et poings vifs. Le résultat était décevant alors que les deux refusaient d'être vaincu.

"Alors tu penses quoi?" demanda-t-il. Connaissant le barde, ça ne serait pas simple ni caché aux yeux de tous.

Borric réfléchit quelques instants, considérant lancer quelques attaques sournoises plutôt qu'à une véritable solution pour les départager. Puis le déclic se fit.

"Ça y est," dit-il, heureux de sa trouvaille soudaine. "Nous nous entrainerons chacun de notre coté et dans un mois et demi, nous nous rencontrerons à la taverne d'Urpis. Nous avons chacun droit à un petit soigneur et chaque ronde sera comptée. Combat jusqu'à la mort. D'accord?"

Salazar le toisa en silence, cherchant une possible faille ou arnaque mais il n'en trouva pas car il tendis sa main et ils serrèrent.

"Au fait," Borric ajouta. "Nous ne serons pas les seuls pugilistes. Il y aura foule, je veux un triomphe lorsque je te vaincrai. Tu mordras la poussière et j'en chanterai des chansons jusqu'à la fin des temps."

L'assassin se contenta d'un sourire en coin alors qu'ils ramassèrent chacun leurs affaires. Borric pris la route pour la populaire ville afin d'en commencer ses préparatifs et Salazar prit la route des montagnes de l'est. Dans un mois et demi, les deux pugilistes se retrouveraient dans l'arène et un seul en ressortirais. Entre temps, la guerre psychologique et l'entrainement physique commençaient.