Le Baron des Mers

[Equus]

Le Baron des Mers - est une oeuvre autobiographique écrite par Lopo des Equus et comprenant des récits romanesques, des passages de journaux, des correspondances. Publié à Urpis, l'oeuvre a rencontré un grand succès car l'action est à la fois épique et noircie de cynisme, contemporaine mais pleine de références aux mythes - de surcroit, la trame narrative conduit le lecture tout autour des Terres Divines, à la découverte de nombreux peuples et de cultures méconnues.


Le Baron des Mers

[Equus]

Chapitre 1 - L'Isabela



En laissant du sang sur les branches de palmiers, je quittais la jungle avec les survivants du raid et revenais au navire. Trois chaloupes nous attendaient sur la grève, insolite au milieu des galets et des crabes, et nous emmenèrent vers la crique protégée par les vents – au large d’Hameau de Fange. Nous rangions nos sabres et nos fusils dans les étuis suspendus à nos dos, en voyageant sur les embruns puissants des hautes vagues et buvions déjà une rasade de rhum avant que de la coque – on nous jette dix cordages et une échelle.
L’Isabela était prête à partir, ses voiles noires radieuses dans le vent du matin – son pont chargé de tonneaux, de lance d’harponnage et de canons. Quelle beauté ! Frégate imbattable ! Mais j’avais fauté et ramené si peu de vivre de cette expédition sur que le Commandant me convoqua dans son pavillon.

- Lopo des Equus vous n’avez ramené que peu d’eau pure des cascades et perdu plus d’hommes que vous n’en avez tué. Comment expliquez-vous cela ?
- Commandant, je ne l’explique pas… Je n’ai pas été assez méfiant. Les rivages sont complexes au Sud-Est, j’ai jeté mes hommes dans la gueule du varan.
- Vous êtes blessé ?
- Oui, Commandant, j’ai une balle dans le torse.
- Grand bien vous fasse, corrigez vos erreurs et ne perdez plus jamais l’occasion de frapper un grand coup.

[Equus]

L’Isabela pris les grands vents vers le Nord-Est.
Dans le soir tombant, nous vîmes depuis le pont le haut Pic de Lurhilis auréolé de brume. Pour rire, l’un des marins visa les montagnes purifiées avec sa carabine et tira un coup de feu dans l’espace infini. Ce fut l’occasion d’une belle fête - car les corsaires vampires qui formaient l’équipage de l’Isabela avaient tous perdu un proche dans la grande guerre encore récente. Quand la nuit fut noire et couverte par les nuages, l’Isabela se rapprocha des côtes dans les vagues de plus en plus haute. La marée nous porta jusqu’en une Anse déserte oû nous pûmes lancer trois chaloupes vers la terre ferme.

Le coup du sort voulu que dans la savane nous tombâmes nez à nez avec une escouade de gardes de Tradirie. Au milieu des flambeaux que les cavaliers portaient, je reconnu la bannière de mon ami Chateausombre - mais nous ouvrîmes les feux. Dissimulés dans les broussailles sèches de la région la lutte était inéquitable. Pas même besoin de foulard tant l’obscurité nous couvrait. Laissant les soldats pour morts - nous volâmes leurs chevaux et leurs insignes, ainsi que les présents qu’ils portaient sans doute au Pic.

A notre retour au navire, nous fûmes accueuillis comme des héros.
J’avais brulé des liens d’une alliance étrange avec le Baron de Chateausombre. Mais qu’importe, j’avais appris il y a quelque jours par un informateur que le baron cherchait à me piéger. N’aurait-il pas maintenant des raison de le faire ?